When demographers play the Game of Thrones
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Une cohorte plus à l'abri ?

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Toujours cette idée répandue selon laquelle personne n’est à l’abri dans Game of Thrones. Pourtant, votre personnage préféré n’est toujours pas décédé. Faut dire que Tommy est un personnage super important. D’ailleurs il apparaît très tôt dans la série. Dans cet article, nous tentons de comparer la mortalité des différentes cohortes. Cohortes, késako ? Des personnages étant apparus dans le même épisode. Et faut dire que ce n’était pas facile. Bah oui ceux qui apparaissent tôt doivent survivre à plus d’épisodes. Les principaux résultats sont ici.

Plan de l'article
Devenir démographe grâce à GoT :
L'espérance de vie

1. Linéarisation de l’espérance de vie en fonction de l’âge

2. Et Game of Thrones dans tout ça  ?

3. Vivre vieux à Westeros

Pour aller plus loin

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Devenir démographe grâce à GoT : les courbes de survie

Devenir démographe grâce à GoT : Les pyramides des âges

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Devenir démographe grâce à GoT :
L'espérance de vie


Devenir démographe grâce à GoT : L'espérance de vie

Devenir démographe « Spécialiste des enquêtes et de la statistique, le démographe analyse les impacts économiques et sociaux des phénomènes démographiques. Fécondité, mortalité, migration, répartitions géographiques... sont au cœur de ses études.  » Source : Onisep, ça nousVous souhaitez en connaître davantage sur les auteurs du site ? Lucas et Romane vous dévoilent tous les secrets ici ! à pris deux ans. Pourtant, ce n'est pas très compliqué : il suffit de maîtriser quelques outils incontournables ! C'est donc que nous avons été un peu long à la compréhension... En lisant cette série de trois articles, vous en saurez autant que nous après deux ans. À quelques choses près...

Devenir démographe et devenir des pros des enquêtes statistiques et de l’analyse de la fécondité, de la mortalité, des migration, ça nous à pris deux ans. Pourtant, ce n'est pas très compliqué : il suffit de maîtriser quelques outils incontournables ! C'est donc que nous avons été un peu long à la compréhension... En lisant cette série de trois articles, vous en saurez autant que nous après deux ans. À quelques choses près...

Mais attention : si nous commençons à chaque fois par un peu de théorie (en tâchant de ne pas être trop rasoir), notre but reste d'analyser notre série préférée ! Alors accrochez-vous : apprenez les grandes tendances historiques et démographiques pour ensuite être capables de situer Game of Thrones par rapport à ces phénomènes.

Comment la série Game of Thrones s'incrit-elle...?

1)... dans la rectangularisation des courbes de survie 2)... dans la linéarisation de l'espérance de vie 3)... dans la transition démographique
Cliquez ici pour accéder à l'article concernant les courbes de survie. Si cela vous intéresse, vous êtes sur la bonne page ! Cliquez ici pour accéder à l'article concernant les pyramides des âges.
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1)... dans la rectangularisation des courbes de survie Cliquez ici pour accéder à l'article concernant les courbes de survie.
2)... dans la linéarisation de l'espérance de vie Si cela vous intéresse, vous êtes sur la bonne page !
3)... dans la transition démographique Cliquez ici pour accéder à l'article concernant les pyramides des âges.

Tout bon démographe se doit d’être incollable sur l’espérance de vie ! Faute de quoi il n’est qu’un sociologue... Nous avons déjà abordé cette notion à quelques reprises dans nos travaux. Vous pouvez notamment aller jeter un coup d’œil à l’article « Une cohorte plus à l’abri  ?  » ou encore au dossier de « suivi de biographies »Cliquez ici accéder aux dossiers universitaires.

L’espérance de vie représente la durée de vie moyenne d’un individu.

Nous avons jusqu’à présent essentiellement parlé de l’espérance de vie des personnages en minute. Nous répondions alors à la question suivante  : « en moyenne, à combien de minutes un personnage de Game of Thrones peut-il espérer survivre entre sa première apparition à l’écran et sa mort  ?  ». Mais cela ne satisfera pas pleinement les démographes les plus rigoristes. En effet, ces êtres géniaux mais ô combien conformistes utilisent bien plus fréquemment une espérance de vie en année. On répond alors à une toute autre question  : « Combien d’années un individu peut-il espérer vivre  ? » Cette espérance de vie peut se calculer à tout âge : pour un nouveau-né à qui il restera, espérons-le, de belles années à vivre, ou pour un vieillard qui a déjà un pied dans le caveau. Cette espérance de vie peut aussi ne comptabiliser que les années de vie en bonne santéL’allongement de l’espérance de vie pose la question essentielle de la qualité de ses années supplémentaires gagnées. Cliquez ici pour avoir accès aux principaux articles d’Eurostat sur le sujet.. Enfin bref, vous aurez compris que c’est un indicateur crucial pour les démographes. Il faut donc que vous le maîtrisiez faute de quoi le démographe amateur que vous êtes sera la cible de railleries  !

L’INEDInstitut Nationale des Études Démographiques définit ainsi l’espérance de vie  :

«  L’espérance de vie à la naissance (ou à l’âge 0) représente la durée de vie moyenne - autrement dit l’âge moyen au décès - d’une génération fictive qui serait soumise à chaque âge aux conditions de mortalité de l’année considérée. […]  » Source  : https://www.ined.fr/fr/lexique/esperance-de-vie/

Au passage, petite subtilité de démographe : comme pour la courbe de survieAutre outil indispensable au démographie, nous vous le présentons ici (cliquez, cliquez… !), l’espérance de vie de l’année 1745 ne s’applique pas du tout aux personnes nées en 1745. Ça serait trop facile  ! En fait, au lieu d’une cohorte réelle, on parle d’une cohorte fictive. On observe la mortalité en 1745 pour tous les âges et on en déduit une espérance de vie. On ne prend pas les personnes nées en 1745, plus celles de 1 an en 1746, plus celles de 2 ans en 1747... mais bien celles nées en 1745, plus celles ayant 1 an en 1745, plus celles ayant 2 ans en 1745... Vous pigez  ? En fait, ça revient à calculer l’espérance de vie des personnes nées en 1745 SI LES RISQUES DE MOURIR RESTAIENT LES MÊMES QU’EN 1745. C’est donc un chiffre purement fictif parce qu’en 1750, 1760, 1770... des progrès feront baisser la mortalité ou à l’inverse des crises la feront augmenter  ! Ils sont torturés ces démographes pour construire des indicateurs aussi capillotractésExpression favorite de Lucas qui signifie « tiré par les cheveux  ». !

Comment l’espérance de vie évolue-t-elle en France depuis 1745  ? Peut-on faire un rapprochement entre l’espérance de vie observée en France et celle de Game of Thrones  ? Vous pourrez briller en société en répondant à ces questions après avoir lu notre article.

1. Linéarisation de l’espérance de vie en fonction de l’âge

Quel titre ronflant... Vous avez du mal à savoir ce qui se cache derrière. Mais rassurez-vous, c’est très simple. Il suffit de regarder l’évolution de l’espérance de vie par âge à travers le temps (Fig. 1).


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Fig. 1 : Espérance de vie par âge en France

En 1745, l’espérance de vie à la naissance est de 25 ans environ. Un nouveau né peut donc espérer vivre 25 ans en moyenne. Un enfant de 5 ans peut quant à lui espérer vivre en moyenne 40 ans. Il aura donc vécu 45 ans au total. Entre 0 et 5 ans, l’espérance de vie augmente  ! C’est un peu contre intuitif mais pas totalement déconnant.

On observe exactement le même phénomène en étudiant l’espérance de vie en minute des personnagesPhoto du personnage
Extrait du dossier de « suivi de biographies » (Cliquez ici pour le télécharger en PDF)
de Game of Thrones. Le plus dur pour eux, c’est de dépasser la première heure. Un personnage venant tout juste d’apparaître à l’écran, peut espérer survivre 24h environ (environ 24 épisodes). Mais surprise, les personnages ayant déjà survécu à la première heure ont une espérance de vie de 28h  ! Pour le voir de vos propres yeux, il vous faut lire notre dossier de « suivi de biographies »Cliquez ici accéder aux dossiers universitaires (chapitre 2.1 Une première heure de survie à haut risque, page 10).

En effet, un bébé qui vient de naître va être exposé à la surmortalité infantile. Celle-ci est très forte jusqu’au début du XXème siècle. Son espérance de vie est donc faible. À 5 ans, il a fait le plus dur  ! Il a survécu à la mortalité infantile et juvénile. Les enfants ayant ainsi survécu voient leur espérance de vie augmenter. C’est intéressant, mais où veut-on en venir  ?

En 1745, l’évolution de l’espérance de vie n’est pas du tout linéaire. Elle augmente jusqu’à 5 ans environ, stagne ensuite un peu, avant d’entamer une baisse relativement régulière. Or, plus on avance dans le temps (cf les courbes de 1900, 1950 et 2015), plus la courbe de l’espérance de vie se linéarise. Les surmortalités infantiles et juvéniles disparaîssent progressivement. Ainsi, la courbe de 2015 est quasiment linéaire  : on naît avec une espérance de vie de 85 ans et à chaque fois que l’on célèbre son anniversaire on peut espérer vivre une année de moins. C’est pas une façon très optimiste de fêter un anniversaire  : « joyeuse année de moins à vivre tonton  !  »...

2. Et Game of Thrones dans tout ça  ?

Dans cette tendance à la linéarisation, Game of Thrones est... Difficilement classable (Fig. 2).

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Fig. 2 Espérance de vie par âge en France et dans Game of Thrones

La mortalité infantile est très élevée dans Game of Thrones : un nouveau-né sur deux meurt avant d’atteindre un an ! Un personnage naissant dans Game of Thrones peut espérer vivre 14 ans environ. Pourquoi si peu ? Rappelons que seuls deux bambins sont nommés dans Game of Thrones (Barra et Sam). Bah c’est vrai quoi... On n’aurait pas pu faire d’histoire avec uniquement des chiourmes ! Ils ne font ni la guerre ni l’amour alors bon... Pas de quoi commenter davantage la mortalité à cet âge. On observe donc, comme en 1745, une augmentation de l’espérance de vie entre 0 et 1 an (passant ainsi de 14 ans à près de 20 ans).

Dès 5 ans, leurs espoirs de longévité sont revus à la baisse. Nous ne parlons même pas de la mortalité des 15 et 40 ans… Un boucherie (voir l'article « Devenir démographe grâce à GoT : Les courbes de survie ») ! Par conséquent, leur espérance de vie diminue et reste bien en dessous de celle de 1745.

Une fois passés les âges où l’on part au front – c’est-à-dire 55 ans - l’espérance de vie de Game of Thrones rejoint celle de 1745. À 80 ans, elle dépasse même celle de 2015 ! Tu parles d’un « Moyen-ÂgeAttention, ne nous énervez pas Lucas. On dit époque médiévale et non Moyen-Âge. Pourquoi ? Et bien parce que le vocable de Moyen-Âge a été créé par des personnes qui dénigrent cette époque ! Il la pense comme un « âge moyen » séparant l'antiquité et la renaissance. Entre les deux, un âge puant, barbare et violent (on caricature à peine leur pensée). » !

Là encore, on peut se dire au choix 1) waouh, les hospices font bien le taff à Westeros : les vieux meurent peu 2) mais c’est n’importe quoi ! c’est juste que les vieux montrés dans la série sont trop peu nombreux.

3. Vivre vieux à Westeros

Vivre 15 ou 20 ans de plus alors que l’on en a déjà 80, c’est une chose. Ça en est une autre de pouvoir jouir de ces années restantes. Demandez à AemonPhoto du personnage
proba décès :
95%
si ses dernières années ont été heureuses... Aveugle, grabataire, mort de froid à Châteaunoir pour soigner des ivrognes et des délinquants  ! Tu parles d’une espérance de vie. Nous prenons l’exemple d’Aemon mais nous aurions aussi pu prendre celui de BranPhoto du personnage
proba décès :
5%
. Se faire traîner en brouette par un géantPhoto du personnage
proba décès :
75%
, c’est une vie particulière.

De fait, un nombre important de travaux de démographie s’intéressent à l’espérance de vie en bonne santé. Car vivre de plus en plus vieux, c’est bien (sauf pour le financement des retraites). Mais encore faut-il que cette hausse de l’espérance de vie ne s’accompagne pas de la hausse du temps d’invalidité  !

Pour aller plus loin

Balyo, Y. (1975). « La mortalité en France de 1740 à 1829 ». In : Population, 30-1 pp. 123-142. [En ligne] : https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1975_hos_30_1_15697 [Consulté le 20/05/2018]

Meslé, F. et Vallin, J. (2001). « Tables de mortalité françaises pour les XIXe et XXe siècles et projections pour le XXIe siècle ». In : Données statistiques INED. [En ligne] : https://www.ined.fr/Xtradocs/cdrom_vallin_mesle/texte.pdf [Consulté le 18/04/2018]

Meslé, F. et Vallin, J. (2002). « Monté de l’espérance de vie et concentration des âges au décès ». In : Document de Travail INED. N°10. [En ligne] : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19432/108.fr.pdf [Consulté le 18/04/2018]

Meslé, Fr. et Vallin, J. (2000). « Transition sanitaire : tendances et perspectives ». In : Médecine/sciences, 16, 1161-71. [En ligne] : http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/1549/MS_2000_11_1161.pdf?sequence=6 [Consulté le 5 avril 2018]

Moisy, M. (2018). « Les Français vivent plus longtemps, mais leur espérance de vie en bonne santé reste stable ». In : Etudes & Résultats. Drees. N°1046. [En ligne] : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er_1046_-_esperance_de_vie.pdf [Consulté le 5 avril 2018]

(2019) « Les conséquences macroéconomiques du vieillissement démographique ». In : Sénat. [En ligne] : https://www.senat.fr/rap/r99-143/r99-1437.html [Consulté le 2 février 2019]

Le site de l'INSEE : https://www.insee.fr/fr/accueil